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Flore des canyons des Pyrénées

24 Juin, 2022 | Blog

Découvrez à travers cet article un petit inventaire ou du moins une sélection des plantes et fleurs sauvages que l’on peut rencontrer dans les canyons des Pyrénées. Les guides d’Aventure Chlorophylle en parlent souvent lors de leurs sorties avec les groupes. L’idée de cet article est de faire la lumière sur quelques espèces remarquables que l’on peut découvrir en pratiquant le canyoning, l’escalade ou la via ferrata dans le Haut-Béarn. Sans avoir la prétention de faire une liste exhaustive à la manière d’une flore scientifique ou botanique, l’idée est plus de parler de quelques espèces qui représentent bien la biodiversité du milieu montagnard en Vallée d’Ossau et plus largement dans les Pyrénées.

fleur de la vallée d'Ossau

Parlons Chlorophylle !

 

La plupart des fleurs sauvages sont dites chlorophylliennes, non qu’elles appartiennent à notre groupement de guides mais plutôt car elles utilisent la photosynthèse pour transformer l‘énergie de la lumière en énergie chimique indispensable au bon développement de la plante. Leurs feuilles sont vertes pour capter la lumière et rendre aussi possible ce miracle écologique: utiliser le CO2 présent dans l’air pour créer de l’oxygène! Une véritable alchimie en ces périodes de changement climatiques!

Voici quelques-unes de ces héroïnes:

 

Au début du printemps, sur les rives des canyons encore éclairées par les rayons du soleil avant que le couvert végétal ne plonge la ripsylve sous une ombre dense, un grand nombre de fleurs s’empressent de faire parler de leurs couleurs, leurs odeurs, pour attirer les premiers insectes en quette du nectar enivrant. C’est le cas des Scilles à deux feuilles (photo ci-dessus) qui suscitent l’émerveillement du pratiquant de canyon.

En descendant les gorges du Canceigt à Béost en Vallée d’Ossau ou le gave entre Buzy et Oloron Sainte-Marie, dès le mois de mai, la discrète et non moins odorante ail des ours (alium ursinum) (photo à gauche) ravira les gourmets. Ses feuilles et extrémités florales ont un goût prononcé d’ail, gare aux rendez-vous galants après l’avoir goûté!!

Un peu plus tard, début juin, les Lys martagons (photo à droite) feront leurs parades à qui saur a les voir … Attention de ne pas les piétiner malencontreusement !!

lys martagon en vallée d'Ossau

Des plantes ingénieuses …

 

Sous les couverts végétaux très denses, de hêtres et de sapins, certaines plantes à fleurs rusent pour déjouer la concurrence et tirer profit de leur implantation géographique. C’est le cas des plantes chlorophylliennes. Pour n’en citer que quelques unes, le petit Monotrope su cepin (monotropa hypopitys) (ci-dessous au milieu)  observé sur les bords du canyon de Bious, non loin d’Artouste, la Lathrée clandestine (Lathrea clandestina) (ci-dessous à gauche)  que l’on observe fréquemment en redescendant de la via ferrata du Siala en dessous de Gourette ou sur certaines berges du canyon de Tourmoun, sous le col du Pourtalet. Autre exemple avec la Néottite nid d’oiseau (Netottia nidus avis) (ci-dessous à droite). Cette fameuse orchidée non chlorophyllienne a été observé à plusieurs reprises à l’approche du canyon du Soussouéou ou de la via ferrata du Siala. Toutes ces fleurs ont la particularité de ne pas faire comme les autres, à la manière d’un champignon, elles puisent leur énergie directement dans les racines d’autres végétaux bien plus grands qui peuvent, eux, facilement capter la lumière. Cette symbiose entre des espèces végétales différentes fait l’objet de nombreuses recherches de la part de des scientifiques en ce qui concerne la communication végétale.

Et carnivores en plus !

 

En matière de prouesses techniques, la petite et discrète Grassette à grandes fleurs (Pinguicula grandiflora) s’observera surtout dans les terrains et parois calcaires et humides. Vivre dans des zones délaissées par la plupart des autres plantes fait d’elle la maîtresse des lieux! Pour compenser le manque de nutriments présents dans le substrat, la voila qui capture et digère des petits insectes tels que des moucherons, un véritable complément alimentaire !  Ces feuilles gluantes piègent l’insecte, aucune chance qu’il ne s’en sorte! Efficace comme stratégie puisqu’on l’observe dans bien des canyons pyrénéens…

grassette à grandes fleurs

En direction des sommets…

 

En remontant au-dessus de 1500m d’altitude, au delà de l’étage montagnard, on entre dans le monde des pelouses d’altitudes bien connues des brebis béarnaises et des amateurs de fromage. C’est ici précisemment, en plein coeur du Parc National des Pyrénées, que l’on trouvera la plus grande diversité de fleurs sauvages. Sur le bord du canyon de Cap de Pount par exemple, au pied du célèbre Pic du Midi d’Ossau, les gentianes printanières (ci-dessous au milieu), les orchis sureau (Dactyloriza sambucina)(photo ci-dessous à gauche) se prêtent au jeu de la concurrence pour attirer de toutes les manières possibles les pollinisateurs tant attendus. Aurez-vous la chance de voir le Lys des Pyrénées (Lilium pyrenaicum)(ci-dessous à droite)?

Une petite bien de chez nous !

 

Impossible dans cet article de dresser une quelconque liste tellement elles sont nombreuses et toutes plus fascinantes les unes que les autres… Toutefois une en particulier retiendra notre attention et prendra le rôle “d’ambassadrice”, le temps d’un article, de la richesse naturelle des Pyrénées…  Le plus frappant c’est son nom: Nigritelle de Gabas. Cette petite orchidée rouge u léger parfum de vanille est endémique des Pyrénées. Elle porte fièrement le nom de Gabas en référence au village des Pyrénées Atlantiques au coeur de la Vallée d’Ossau. Gabas a accueilli un centre écologique de 1977 à 1995, ce qui a valut à  cette sous-espèce d’orchidée ce nom particulier.

Le très fameux sabot de Vénus ..

 

Lorsque certains groupes nous demandent de descendre un canyon du côté espagnol et qu’on est au mois de juin, on s’arrête systématiquement, comme un rituel, pour guetter la floraison d’une de ces fleurs les plus remarquables d’Europe! Cette orchidée rarissime est le seul représentant du genre Cypripédium en Europe. Ses qualités esthétiques et son exceptionnelle stratégie d’adaptation en font presque un animal doué de raison ! Elle aussi piège ses pollinisateurs, mais avec classe et délicatesse ! Attiré par la grosseur, la texture et la couleur de la fleur, l’insecte curieux cherche à en savoir plus …il s’approche de l’orifice qui permet d’entrer dans « le sabot ». Les parois glissantes le font descendre directement au fond du calice… Dans sa chute l’insecte colle le pollen volontairement répartit à l’entrée du piège. Une sortie sera possible pour assurer à la vénus sa reproduction sans tuer l’animal…

Sabot de Venus en vallée d'ossau

Et toujours de très belles rencontres …

 

Les sports de nature, de montagne nous passionnent et c’est pour cette raison qu’on a choisit d’en faire notre métier. Mais au-delà de l’aspect sensationnel ou sportif, le métier de guide c’est surtout de porter un regard, d’observer autrement notre environnement en tentant à chaque fois de mieux le connaître et mieux le comprendre. Nous partageons tous les jours , toute l’année cette passion pour la nature que ce soit dans nos métier, nos loisirs, nos rencontres.

Nous espérons vous retrouver prochainement lors de nos sorties sportives avec Aventure Chlorophylle pour partager ces regards sur le monde sauvage qui nous échappe parfois…

Adishatz !

 

Johan Fontvieille, Arké, guide d’escalade et canyoning, membre du bureau Aventure Chlorophylle

Les guides d’Aventure Chlorophylle vous conseillent et vous accompagnent dans la préparation de votre séjour tout au long de l’année. Réservez vos activités en ligne ou contactez nous pour plus d’informations.

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